Un changement d’humeur paysagère, le long du Drâa, bordé de palmeraies à l’horizon infini et s’érigeant dignement à l’ouverture des portes du désert, nous mena jusqu’à l’ironie de la ville de Zagora, plaque tournante d’un commerce oppressant en quête perpétuelle d’avaries mécaniques sur les véhicules d’expédition. Les turbulences vociférentes ne tardèrent pas à provoquer chez nous une nouvelle fuite en avant vers le calme et l’isolement. Les reliefs montagneux dominants celui de quelques dunes, la route empruntée au compte gouttes, l’Oued Zguit coupant en deux le Djebel Bani à Foum Zguit, la formation ératique de tourbillons de sable au centre des plateaux arides sans limite et à la végétation éparse, couleur d’or, esquissaient une immersion saharienne à l’étouffante promesse. Une chaleur assommante nous enveloppait entièrement pour ne trouver le repos qu’au petit matin, le temps d’un battement de cil. Les yeux grands ouverts, la recherche d’un mouvement, même ténu, des palmes au dessus de nos têtes, rythmait notre réspiration. Une nuit au milieu des palmiers et des chèvres noires, à Kasbah El Joua fût notre providence, à l’abri, presque, des regards.