Concrete & rust

Une impression de décrépitude, comme si tout s’était usé très vite, à une allure qui défie presque le bon sens. On voit des maisons en terre, en briques, en parpaings, des kasbahs dont il ne reste que le souvenir, des usines qui n’ont peut être jamais eu d’avenir, des routes réduite à leur plus strict minimum, des infrastructures malmenées par les éléments et leur conception, des aménagements sans sens… tout ploie sous un age incertain. On s’étonne à apprendre que tout cet abandon est pourtant récent.

Tout s’use plus vite ici, le climat diront certains, une négligence aussi. On a beau essayer de se figurer comment tout a pu tomber, comme ça, en ruines, on est toujours un peu loin de la réalité, ou des réalités locales plus exactement.

On en vient a chercher des endroits où l’homme n’a laissé aucune empreinte pour retrouver une image qu’on s’était faite plus tôt, dans l’enfance de nos souvenirs. Rien n’y fait, il reste toujours un sac plastique accroché aux arbustes en lambeaux, des tas de gravats posés au raz de déserts qu’on pensait inaccessibles, les décharges que les grandes villes dégueulent dans le creux des oueds ou le long “des plages de sable fin qui font la renommée du Maroc”. Il y a des panoramas où l’on regarde loin, jusqu’à se bruler les rétines dans la chaleur du soleil pour ne pas sentir le dégout de cette négligence là, à nos pieds.

Il existe une érosion autre que celle qui défait les montagnes et creuse les vallées. Il y a cette lassitude, cette prise de conscience que rien de global ne pourra être considéré, jamais. Les clivages sont profonds. Tout s’use plus vite ici…

A taste of decay, as if everything got worn out faster than it should have, following some senseless pace. You pass by houses made of clay, bricks or homemade cinderblocks, the remaining souvenir of long gone Kasbahs, factories hanging on to their lack of prospective, roads reduced to a single lane, infrastructures mauled by their age and design, meaningless construction… everything crawls under an age you can’t know for sure and you get a bit confused when you understand this desertion is surprisingly recent.

Everything wears out faster here. Some say it is because of the climate, a sens of neglect too. You try and figure out how everything could have fallen in pieces and you never get close to reality, at least those realities.

Then you try and find some places free from any human or footstep, you do it because you want to bring back some image you forged years ago, during the childhood of your remembrance.  Anywhere you look, there is still a plastic bag floating in the air hooked on the shredded shrubs, piles of rubble put randomly on the flat surface of deserts you thought were inaccessible, dumps the cities vomit in the scars left open by the wadis or all along “the beautiful beaches that make the reputation of this fabulous kingdom”. There are landscapes that keep your glance in the far, until you burn your eyes in the heat of the sun to avoid feeling the disgust of such a neglect bathing your feet.

There is an erosion, different from the one that undoes the mountains and deepens the valleys. You begin feeling this weariness and realize that nothing global will ever happen, never. The gap is deep. Everything wears out faster here…

2 Comments

  1. et c’était déjà cette réalité là il y a 30 ans au soleil qui brûlait le goudron sur les plages et qu’on enlevait le soir avec du beurre sous chacun de nos pieds; et puis au-delà, la mer qu’on imagine contre vents et marées toujours recommencée dans une sorte de pureté même si…
    Je vous embrasse tous les 3

  2. Lili

    Déception lassante de savoir qu’on est impuissant,qu’on est bien petit et seul face Au mépris d’un trop grand nombre de négligeants, dirigeants, inconscients… Et alors on se satisfait de ce qu’on arrive encore à voir de beau, nous.
    Quand VIENDRA la révolution des conscients?

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