Chaque étape de notre vie nomade nous amène ou nous ramène invariablement à des lieux qui éveillent nos papilles, des accès de gourmandise que nous rêvons, installés de nouveau dans nos sédentaires pénates, de retrouver avec une impatience enfantine, déraisonnable mais tellement essentielle au déroulement du voyage. Le Borj Biramane dans le désert de Icht où, installés à la belle étoile sous les tentures berbères, on nous servit un délicieux tajine de boeuf ; Lola, cette institution populaire au service absolument charmant malgré le bourdonnement constant que cette adresse génère où l’on découvre une cuisine typique réinventée au coeur du quartier historique de Tarifa ; deux adresses sévillanes, l’originalité et l’inventivité que l’on retrouve aussi bien dans la cuisine que dans la présentation des plats de la Cava del Europa ainsi que Luzanda dans le quartier Alfalfa où le salmorejo et les croquettas de jamón y queso sont à damner un saint; la magie de Bouquet, adresse entre deux remparts de Cáceres, où se mêlent raffinement et saveurs incomparables (les carpaccios de poulpe ou de thon n’ont pas d’égal) sous les scintillations tamisées des bougies et la danse céleste des hirondelles qui vivent là, au creux des murailles maures ; Las Negras et La Bodeguiya, petit bar à tapas, échoué sur le sable, murs blanc chaulés et salons extérieurs aux inspirations helléniques, obligent sans effort à la dégustation et au farniente ; les arroces de Can Sole dans le quartier des pêcheurs de Barceloneta où l’on mange sous le regard dédicacé de George Chakiris ; les terres volcaniques de Santa Cruz de Tenerife et la calle Antonio Dominguez Alfonso où les bonnes adresses, simples et savoureuses, se succèdent au fil de la rue. Les vins que nous nous délectons de découvrir où chaque pays et presque chaque ville, se singularise pas ses cépages et ses techniques, accompagnant d’une voluptueuse main de maître les plats et leurs accords. Il y a l’envie de revenir à ce que nous avons aimé, mais la curiosité nous invite à explorer l’étendue des cartes et des plaisirs qu’elles recellent…Une curiosité intarissable…
Il faut vivre et penser les escales gastronomiques comme la pierre angulaire de tout itinéraire.