Ne pas avoir l’envie d’écrire, garder pour soi les sensations comme des sentiments amoureux renouvelés sans cesse : Tarifa, s’abandonner dans ses bras, respirer son levante et son ponente, vivre au rythme des voiles colorées ondulant au dessus d’un océan chaotique, des marées qui caressent des étendues désertées de sable, s’émerveiller de couchers de soleil et des lumières de Tanger à la tombée du soir à quelques pas à peine ; marcher dans ses propres pas, se reconnaître les yeux fermés. Effacer à regret les empreintes d’un temps sereinement écoulé pour finalement fuir les habitudes, même les meilleures. Se frotter à de nouveaux espaces à découvrir, à des terres vierges de nos connaissances, de nouveaux horizons isolés à l’intérieur des terres, suivre les lignes en pointillé vers le Portugal. Et les troncs rougis des chênes liège, nus de leur écorce défilent. Les maisons blanches, presque aveuglantes se détachent de la terre rouge andalouse, le schiste dresse ses lames vers le ciel, la traversée de Carbonera, Aracena, Jabugo puis serpenter par delà les frontières pour les vestiges du temple Romain d’Evora et des marbre d’Estremoz.
Photographies d’ElsaLunghini ©2018
Tri-X 400 – Rodinal stand